Dès la première heure, elle a résisté au nazisme. Epouse du colonel Henri Rol-Tanguy, Cécile, Grand officier de la légion d‘honneur a été aux premiers rangs de la libération de Paris en août 1944.
Au Palais de l’Elysée, alors que François Hollande venait de l’élever au grade de Grand officier de la légion d’honneur, Cécile Rol-Tanguy déclarait : « Cette distinction, monsieur le Président, je l’accepte au nom de toutes les femmes résistantes oubliées, celles dont on n’a jamais parlé, celles qui n’ont rien eu. »
Cécile Rol-Tanguy, née Marguerite le Bihan à Royan avait fêté au mois d’avril 2019 ses cent ans entourée de sa famille et de ses nombreux amis. Elle est décédée ce jeudi 8 mai 2020 chez elle, à midi, à Monteaux (Loir et Cher), entouré des siens. Comme un symbole.
Une grande dame vient de nous quitter et pas seulement parce qu’elle était l’épouse du célèbre colonel Henri Rol-Tanguy, le métallo-brigadiste parti défendre la République espagnole avant d’entrer en résistance contre les nazis. Elle avait été la proche collaboratrice puis la femme du chef FFI artisan de la libération de Paris en août 1944.
Cécile c’était aussi Cécile, surtout Cécile, une femme de courage, d’intelligence et de lucidité.
Fille de François Le Bihan, syndicaliste et communiste français, déporté à Auschwitz, Cécile Rol-Tanguy était une femme d’action. Elle a milité à l’Union des jeunes filles de France, participé activement aux Comités d’aide à l’Espagne républicaine et a rejoint le parti communiste en 1938. Elle a d’abord été la marraine de guerre d’Henri avant de l’épouser en avril 1939.
Dès juillet 1940, elle entre en clandestinité. Elle est agent de liaison et lui arrive de cacher des armes dans le landau de ses enfants. C’est elle qui tape à la machine, sous la dictée de Rol, l’appel à l’insurrection des Parisiens.
Après la mort d’Henri (2002), Cécile Rol-Tanguy a poursuivi le travail de mémoire : en présidant l’association« Les Amis des combattants en Espagne républicaine » (ACER), en participant à des cérémonies, des rencontres et des débats. Elle était une femme d’écoute et d’échanges, jamais d’idées imposées.
Il y a quelques années, l’accompagnant à Vénissieux pour une cérémonie à la mémoire d’Henri, nous avions échangé dans le train sur l’état du monde. Je me souviens de ses mots : « Nos rêvions d’un monde en paix et nous assistons à tant de conflits et de barbaries. Nous rêvions d’une vie meilleure et nous devons supporter tant d’injustices. Au soir de ma vie, j’ai un souhait : que les jeunes générations reprennent le flambeau de la paix, de la liberté, de la résistance en s’opposant à l’intolérance d’où qu’elle vienne et en trouvant des voies nouvelles pour un avenir meilleur. »
José Fort
Photo de la Une : Allaoua Sayad
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